Bekolo Film Projects

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Jean-Pierre Bekolo Obama est cinéaste et enseigne le cinéma aux États-Unis. Né au Cameroun, il est révélé à Cannes 1992 avec son film Quartier Mozart qu'il réalise à tout juste 25 ans. Ce film a obtenu de nombreux prix à Locarno, Montréal, Ouagadougou et une nomination aux British Awards aux côtés de Reservoir Dogs de Tarantino. Pour les 100 ans du cinéma, il réalise Le Complot d'Aristote, un film appartenant à une série commandée par le British Film Institute à laquelle ont participé Martin Scorsese, Stephen Frears, Bernardo Bertolucci et Jean-Luc Godard. Il a été professeur à l'University of North Carolina à Chapel Hill, à la Virginia Polytechnic Institute et à Duke University. Il a notamment développé une méthode d'enseignement, Auteur Learning, qu'il expérimente dans les Universités noires des Etats-Unis. Son dernier long métrage, Les Saignantes, a obtenu l’Etalon d'Argent et le prix Meilleures Actrices au Fespaco 2007. Il a réalisé la même année une installation vidéo, Une Africaine dans l’Espace, au Musée du Quai Branly à Paris. Son livre Africa for the Future sort en 2009 chez Dagan.

Monday, January 17, 2005

Comment en arrive-t-on au traité Germano-Douala?

HICKORY TOWN est l’histoire des chefs Doualas (Cameroun) qui demandent une annexion à l’Allemagne après que leur demande auprès de la reine d’Angleterre soit restée sans suite à la veille de la conférence de Berlin qui partagea l’Afrique. Derrière ces négociations, l’armateur et commerçant Woermann qui, comme les anglais, a un comptoir sur place.
La situation entre le roi King Ndumbe Lobe Bell et son oncle, le chef supérieur de Hickory town (Bonaberi) Lock Priso est très tendue dans la ville portuaire Cameroons river (Douala). Une lutte d’influence opposait les 2 branches de la famille royale depuis plusieurs générations.
Lock Priso est un homme de principes reste fidèle aux anglais malgré l’attente un peu trop longue d’une réponse à la demande d’annexion. King Bell impliqué dans des trafics en tout genre avec le jeune et ambitieux représentant local de la société Woermann ; Edouard Schmidt prend l’initiative en tant que roi de la tribu de signer un traite avec les Allemands pour se prémunir contre tous ses frères ennemis.

A Berlin, Woermann et sa clique de lobby pro-colonial réussit de persuader Bismarck à admettre la création d’éventuelles colonies outremer par l’empire allemand.

King Bell essaye de pousser son ennemi a la faute en envoyant ses hommes attaquer sur une pirogue en pleine mer un proche de Lock Priso, Ekambi Priso. Cette attaque coûte la vie à Ekambi et son équipage.

Lock Priso cherche à prouver que King Bell est l’instigateur de cette agression. King Bell qui se sent acculé cherche du secours auprès de Schmidt, le représentant de la société Woermann. Schmidt lui promet de faire disparaître l’auteur gênant de cette agression. Il espère ainsi profiter de la confiance de King Bell afin de l’amener à signer un traité d’amitié et de protection avec l’empire allemand. Cette manœuvre lui réussit plus ou moins du fait que la reine Victoria d’Angleterre avait négligé trop long temps la demande de protection des rois King Bell et King Dika Akwa.
Alors qu’à Berlin et Hamburg les préparatifs pour le voyage du Consul Gustav Nachtigal et du Dr Max Buchner sur le canonnier « Möwe » sont en cours, à Cameroons river, Schmidt et Voss tiennent des réunions avec les rois King Bell et King Akwa ainsi qu’avec Jim Ekwalla, le chef supérieur de Dido town en vu de négocier ce traité de protection entre les Douala et les Allemands. L’enjeu était surtout la hauteur du « dash », le cadeau (ou la somme de la corruption) exigé par les rois. Jim Ekwalla a de son coté un autre souci : Il veut son indépendance de Dika Akwa et en conséquence le titre de « King Dido »
Si les difficultés ne sont pas insurmontables chez les rois et futurs rois de la rive gauche de Cameroons river, Schmidt tombe sur un refus net chez le chef supérieur de Hickory town Lock Priso et sur beaucoup de réticence auprès toute la grande famille des Joss, qui, comme Lock Priso, sont des membres du clan des Bell. Finalement une partie de la famille Joss donne son accord : Pantänius, le collègue de Schmidt, les menace de jeter leur doyen Calabar Joss en prison pour dettes. Un de leurs chefs, le jeune et fougueux Elami Joss, qui est fortement influencé par Lock Priso, s’oppose de toutes ses forces contre ce traité. Mais vu la menace qui pèse sur le vieux Calabar, il se plie à la majorité.
Les Anglais observent ce développement avec inquiétude et non sans réagir : D’une part, Buchan et les pasteurs Lewis et Silvey soutiennent la position de Lock Priso et de l’ancien d’église, le vieux Green Joss. D’autre part, ils informent le Consul Hewett qui est installé à Boni au Nigeria dès les premières démarches de Schmidt et Voss. Ce dernier prend immédiatement le bateau pour Londres afin de demander de son coté l’autorisation pour négocier avec les chefs et Kings de Cameroon rivers, qu’enfin la reine Victoria lui accorde.
Mais quand il revient le 19 juillet dans le port de Cameroons river avec toutes les procurations nécessaires, il se trouve devant les faits accomplis et devant le drapeau de l’empire hissé à Joss town. Effectivement, après des débats très houleux qui ont failli dégénérer en bagarre, et grâce à un dash important, tous les chefs de la rive gauche du Wouri finissent par signer le traité d’amitié et de protection. Il fallait employer une bonne dose de chantage auprès de King Bell qui craint le retour de son assassin et témoin gênant dans l’affaire d’Ekambi Priso qu’il avait cru mort, et une plus grande dose de flatteries adressées à King Akwa. Pantänius de son coté emploi une bonne dose d’intimidation pour raisonner la famille Joss. Enfin il fallait accorder un titre de King Dido à Jim Ekwalla pour parvenir à la signature du traité. En plus, les chefs ont exigé la signature préalable d’un document annexe comprenant les conditions concernant leur monopole de commerce, leur propriété foncière, l’absence de taxes et de travaux forcés etc. Hypocritement Consul Schulze du Gabon le signe sans la moindre intention de le respecter et sans attendre l’arrivé de Gustav Nachtigal et Buchner, le 11 juillet 1884.
Par contre les chefs de Hickory Town, encouragé par les commerçants et missionnaires anglais refusent obstinément d’assister à toutes les séances de négociation sur l’autre rive. Craignant que certaines choses soient dévoilées, Schmidt considère inutile de gâcher la négociation par la présence du chef Lock Priso qui serait de toute manière le suzerain de King Bell. Le fait que le territoire de Hickory town fasse partie de la région concernée par le traité pousse Elami Joss à contester le texte du traité qui inclut des terres de non-signataires. Mais, une fois de plus, il est mis en minorité.
Bien qu’on cherche à le lui cacher, Nachtigal sent les tensions au sein de la population, et après une entrevue diplomatique avec Hewett qui proteste contre ce traité avec beaucoup de politesse, il nomme Buchner comme représentant intérimaire de l’empire et continue son voyage sur la Möwe sur les côtes du Cameroun jusqu’à Kribi et à Bibundi.
Lors de cette absence de Nachtigal, et surtout du bateau militaire, les premiers désordres commencent : Entre Dika Akwa et son frère Manga Akwa, au sujet du dash, et d’autre part entre les Joss et King Bell pour le même problème. Enfin, lors d’une célébration d’enterrement très arrosé par des alcools forts, un garçon soul d’Akwa town tue son cousin et prend la fuite. Schmidt, qui est jaloux du poste de Buchner, profite de cette occasion pour ridiculiser Buchner : Il l’entraîne à protéger l’assassin du lynchage par la famille de sa victime, puis prend en suite publiquement position contre Buchner, qui accepte en fin de compte que King Bell le condamne à mort à la place de Dika Akwa, absent !
A son retour, Nachtigal décide d’en finir avec le problème de Hickory town. Après consultation des compatriotes qui lui déconseillent la négociation avec Lock Priso et les chefs de Hickory town, Nachtigal opte pour la façon forte et simpliste : Faire envahir la Place de palabre de Hickory town par la force d’armes et d’y hisser le drapeau de l’empire. Cette action provoque la colère de tous les habitants de ce village et seul la fermeté de Lock Priso a pu empêcher les jeunes de se jeter avec leurs fusils et machettes sur les soldats, ce qui aurait déclenché un bain de sang. Mais, de l’autre coté sa demande d’audience n’est pas pris en considération, d’une part à cause de la maladie qui surprend Nachtigal, d’autre part suite aux mauvais conseils de Schmidt et de King Bell. Lock Priso tient à exprimer officiellement son désaccord avec les méthodes allemandes et son refus de reconnaître le pouvoir allemand et il écrit une lettre au Consul pour exiger que les Allemands ôtent eux même le drapeau qu’il n’a pas demandé et qui n’engage que les Allemands, en ajoutant verbalement à qui veut entendre qu’il rejette toute responsabilité de ce qui pourrait arriver à ce drapeau.
Nachtigal répond à cette lettre selon les informations données par Schmidt et King Bell en faisant valoir la souveraineté de King Bell sur Lock Priso, sans penser ce qu’ils ont fait de la souveraineté de Dika Akwa sur Jim Ekwalla, puis il abandonne le jeune Buchner face à son inexpérience, son compatriote jaloux, aux Anglais mécontents, aux tribus hostiles entre eux et contre l’empire, aux nombreux malades qu’il soigne avec dévouement, avec comme seul moyen de défense une longue liste de recommandations.
Cinq longs mois d’inquiétude et de tensions commencent pour Buchner qui n’a pas les moyens d’y changer quelque chose et pour toute la ville de Cameroon river. Les incidents, bagarres et litiges se multiplient :
Ils commencent par les bagarres répétées entre les sentinelles de King Bell et Elami Joss, qui devient plus dangereux encore quand Pantänius décide d’enfermer le doyen de Joss town, Calabar, pour ses dettes. Manga Bell, le prince héritier, un homme instruit et sage fait des vains efforts pour ramener son père à la raison. Il le met en garde contre les témoignages que pourraient fournir les Joss dans l’affaire Ekambi Priso, mais King Bell fait la sourde oreille et se fâche au contraire contre Manga.
De l’autre coté, il y a tous les jours des histoires à Akwa town entre Dika Akwa et son frère Manga Akwa à cause du dash. Manga Akwa crée scandale sur scandale, finalement il déshonore le drapeau allemand en le salissant odieusement. Puis, quand le chercheur Passavant débarque enfin avec 80 Haussa pour une expédition vers le Nord, Dika Akwa s’amène avec ses casseurs pour menacer ces Haussa qui le gênent avec leurs coutumes si différentes. Même du coté du paisible village Dido town, il n’y a plus de paix : Quand Ewarts, un Anglais enferme le frère de Jim Ekwalla pour les dettes de ses fils, ceux-ci le rossent copieusement et tuent même un des Kru boys qui cherchent à défendre leur patron.
Lock Priso de son coté cherche à éviter autant que possible toute bagarre. Il se rend sur ses marchés d’huile sur le Mungo, quand il constate que les Anglais ne prendront jamais sa défense en cas de pépin. Il cherche toujours sans succès le témoin qui pourrait l’amener au commanditaire de l’agression sur Ekambi Priso. Elami Joss le trouve avec une nouvelle surprenant : Le soir du meurtre d’Ekambi Priso son assassin se serait présenté dans la résidence de King Bell. Ce fait prouve sa disparition après son entrevu avec King Bell et par-là l’implication de King Bell dans cette bavure.
Plus loin en brousse, Dika Akwa porte sa guerre dans la zone du Kwakwa, et London Bell empoisonne un neveu de Jim Ekwalla à Bakundu sur le Mungo et confisque les défenses d’éléphants.
Durant tout ce temps Manga Bell s’évertue d’exhorter son père à la modération contre les Joss afin qu’ils ne décident pas de s’associer avec Lock Priso. Mais King Bell prend ces avertissements très mal !
La véritable escalade de violence éclate quand Lock Priso convoque le tribunal populaire pour demander la condamnation du crime contre Ekambi Priso. King Bell qui se sent visé, se réfugie chez Schmidt qui, sur conseil de Buchner, prend sur lui de le cacher à Bwadibo sur le Mungo.
Le procès lui-même aboutit à un résultat mitigé : Lock Priso qui veut un aveu de King Bell est déçu de sa fuite. Il annule pratiquement la condamnation capitale prononcée par Dika Akwa, qui ne correspond pas à ses plans politiques.
Les Allemands de Douala se voyaient exposés aux indigènes et appellent du secours militaire auprès du Reich avec le résultat que l’escadrille du Vice Amiral Knorr reçoit instruction de se diriger vers Douala.
Après la fuite de King Bell, la situation à Douala devient de plus en plus invivable : King Bell et son fils procèdent à des achats massifs d’armes auprès des commerçants qui refusent d’autre part de vendre toute arme et munition aux autres clans de la ville. Ce motif pousse les Joss de perturber ce trafique d’armes dans les criques.
Dika Akwa, London Bell et son complice King Fish construisent des barrages dans toutes les voies navigables de l’estuaire pour empêcher la navigation et le commerce des autres membres de la tribu dans les Criques, ce qui provoque de nouveau des bagarres entre King Fish et le jeune Elami Joss.
Tous les hommes de Bell town finissent par abandonner leur village pour se mettre à l’abri chez King Bell à Bwadibo.
Elami Joss obtient finalement par une menace directe du comptoir Woermann la libération de Calabar Joss, que le paiement de 70% de la dette n’a pas pu libérer.
Enfin, Elami Joss poursuit le bateau à vapeur de Schmidt dans la rade pour obliger Wölber de ramener les armes achetées par Manga Bell dans les magasins Woermann. Mais ces armes arrivent tout de mêmes à leur destination. Elami Joss et ses amis s’en rendent compte que tous leurs efforts n’ont pas de succès. Ils décident d’obtenir une audience chez Schmidt par force afin de l’amener à surseoir à la vente d’armes. Un long défilé de 400 hommes armés se dirige à la factorerie de Schmidt. Pris de peur, il promet sous la menace tout ce que les Joss exigent, sans pourtant envisager de respecter ces promesses : Le droit de contrôler le contenu de toute pirogue ou bateau qui monte vers l’amont du Wouri ou du Mungo. Cette activité occupe les Joss pendant la 1re moitié de décembre.
Buchner qui ne supporte plus du tout ce stress accompagne Voss sur son voyage au Nigeria. Pendant son absence la situation s’aggrave : King Fish et London Bell tendent un piège dans le bras mort du Wouri et y attirent Lock Priso par un faux message de tam tam . Lock Priso perd 3 de ses hommes à cette occasion. Malgré les appels de Lock Priso à la retenue, les jeunes du clan suivent Elami Joss qui traite Lock Priso de lâche, et incendient le palais de King Bell abandonné. Le feu est rapidement rependu par le vent et tout Bell town est ravagé par les flammes.
En suite les jeunes décident de menacer Schmidt dans son comptoir. Elami s’en rend compte que ses amis cherchent à profiter de la situation pour escroquer un fut de rhum aux commerçants. Il retourne au village ou il trouve ses aînés qui lui font des reproches sur les conséquences que son acte irréfléchi entraînera. Ils ont en effet appris l’approche de l’escadrille de Knorr qui n’est plus loin de l’estuaire.
Knorr et ses bateaux de guerre arrivent dans l’estuaire vers le 20 décembre, et après avoir entendu les exposés des Allemands vivant au Cameroun, Knorr décide d’exécuter le plan proposé par Schmidt qui vise d’agresser Hickory town sans palabre, avant de s’attaquer à Joss town. Buchner n’est pas d’accord parce qu’il considère que Lock Priso n’est pas engagé envers l’empire allemand et qu’il s’est toujours montré correct. Buchner cherche surtout un prétexte pour arracher les terres aux Joss. Il avait remarqué le micro climat agréable de Joss town dans cet environnement malsain qu’est le port de Douala. Il préconise d’attaquer d’abord les Joss qui risquent de s’enfuire. Malgré ses arguments évidents, on n'écoute pas Buchner et on prépare l’attaque brutale de Hickory town.
Pendant que Lock Priso et Green Joss, qui sont encerclés de tous les cotés, s’organisent autant qu’ils peuvent, d’évacuer la population vers le Lobe Crique en vue de fuire pendant la nuit, Elami Joss de son coté, aggrave encore son cas en prenant Pantänius en otage au lieu de s’enfuire sur le Crique du Docteur. Il espère avoir un argument valable pour leur négociation en la personne de Pantänius. Or, les Allemands ne sont pas venus au Cameroons river pour négocier mais ils décident de traverser le fleuve pour agresser les Joss avec leur Pinasse à canon.
Les Joss, au lieu de fuire comme leurs avait conseillé Lock Priso, s’installent sur le bord de la falaise de Bell town pour tirer sur le bateau qui les agresse. Ils arrivent à créer des dégâts, et la Pinasse retourne sur la rive droite pour chercher du secours. Les combats qui s’en suivent à Joss town durent jusqu’à tard dans l’après midi et se soldent par de nombreux morts du coté des Joss. Elami Joss est blessé et inconscient et les Allemands le prennent pour mort, quand ils traversent les villages.
Lors de la fuite des Joss vers le Kwakwa, Pantänius refuse de monter dans la pirogue des Joss et retarde leur fuite, entraînant par ce retard la mort de Calabar. Dans son désespoir, le fils de Calabar abat Pantänius d’une balle dans la nuque.
Cette triste journée se termine par une séance de pillage et incendie organisée par King Bell et King Akwa et leurs troupes, et par l’arrestation de Manga Akwa et ses complices de vin par Dika Akwa.
Lors de la nuit, Elami réussit à se traîner jusqu’a la mission du révérend Lewis qui fait venir le Dr Allan de Hickory town pour extraire la balle qui avait touché Elami Joss.
A cause du pillage de King Bell, Lock Priso n’a plus suffisamment de pirogues pour leur fuite, et est obligé de traverser le fleuve malgré la présence des sentinelles allemandes, pour emprunter des pirogues de pêche à Jim Ekwalla. Il passe sous le nez de Manga Bell qui désobéit consciemment aux instructions de son père et laisse passer la troupe de Lock Priso pour éviter un bain de sang.
De son coté, la femme d’Elami Joss qui était cachée chez les missionnaires à Hickory town s’enfuit en pleine nuit à travers les ruines abandonnées de Hickory town. Elle avait appris que Buchan cherche la livrer aux Allemands afin de faire sortir Elami Joss du maquis.
Elle échappe ainsi aux soldats allemands qui, dès le lendemain matin, fouillent les missions et comptoirs anglais de fond en comble pour rechercher des rebelles qui s’y seraient éventuellement réfugiés. Elami lui-même prend la fuite de la mission de Bell town en ignorant les instructions du Dr Allan qui lui avait prescrit du repos absolu. La fouille des soldats donne de bien maigres résultats qui ne permettent pas de justifier l’inculpation des Anglais, accusés d’avoir activement soutenu les rebelles.
Ce manque de justifications n’empêche pas l’Amiral Knorr de faire une proclamation très hostile aux Anglais et d’interdire le « Court of Equity » Instance juridique multinationale qui avait fonctionnée depuis 1856 au Cameroons river.
Ce même jour, Knorr fait monter le croiseur Olga qui n’arrive pas à atteindre le port. Malgré les efforts du pilote, la Olga est bloquée sur un banc de sable, et Knorr doit remettre sa séance de destruction totale du village Hickory town au lendemain.
Cameroons river, vidé des 2 / 3 de ses habitants, est apparemment pacifié. Mais Elami Joss qui est recueilli par ses camarades et soigné par une vieille sorcière se remet assez vite de sa blessure et ne manque pas l’audace pour revenir en ville afin de rechercher des nouvelles de sa femme.
Tandis que Lock Priso reste calmement à Mboundjou, Elami devient de plus en plus sombre et s’agite. Lors d’un de ces voyages il se trouve presque nez à nez avec Buchner et quelques soldats à Akwa town. Puis une de ses pirogues heurte presque le bateau à vapeur de la société Woermann et, tout aussi effrayé que Wölber, Elami contraint ce dernier de rentrer au port. Au retour de ce raid ils atterrissent à Joss town où le capitaine Bendemann ouvre le feu sur eux.
Nachtigal qui a appris les nouvelles de cette guerre à Angra Pequena revient d’urgence avec la Möwe. Il est abasourdi à la vue du tas de cendre qu’est devenue la ville de Douala qu’il avait laissé florissant à son départ. Il s’en prend à l’Amiral pour les initiatives insensées, et après une discussion houleuse, Knorr lui interdit le séjour sur la Möwe sans son autorisation expresse.
Devant l’impossibilité de faire revenir les rebelles dans la ville par la force militaire de Knorr, qui n’a ni l’expérience ni les moyens d’une guérilla de brousse, Buchner réfléchit sur voies et moyens de faire revenir la paix et donc le commerce qui est á terre dans la ville. Il n’est pas seul à penser de cette façon : Hewett qui est venu de Boni à la suite des déclarations hostiles de Knorr consulte ses compatriotes sur la possibilité de saisir les rebelles en brousse en vue de négociations. On lui conseille de saisir David Meetom.
Manga Bell de son coté cherche le moyen de faire marche arrière et saisit Jim Ekwalla qui ne s’est pas gêne de déclarer qu’il est l’ami de Lock Priso. Il le charge de sonder les opinions de ce dernier sur les conditions pour un accord de paix.
Meetom entreprend des initiatives à la limite de la malhonnêteté : Il saisit Buchner avec un soi disant message de Lock Priso qui voudrait revenir en ville. Buchner, très agréablement surpris, lui confie que ce ne serait pas possible sans une palabre de paix préalable. Sans consulter Lock Priso il revient quelques jours après avec une soi disante demande de Lock Priso pour un sauf conduit, que Buchner lui établit avec l’accord de Knorr.
Jim Ekwalla ignore tout de la super chérie de Meetom et remet ce document à Lock Priso, qui est de son coté étonné de l’initiative de Buchner l’invitant à une palabre de paix et demande un délai de réflexion.
Pour Meetom, ce délai est trop long et il informe Buchner que Lock Priso l’aurait demandé qu’on le cherche dans le village Mussoko sur le fleuve Abo. Il prétend que Lock Priso craignait que son sauf conduit ne soit pas respecté par King Bell et ses hommes qui ne savent pas lire. Buchner obtient effectivement l’accord de l’Amiral qui lui offre même la pinasse pour l’y accompagner.
Meetom charge de nouveau Jim Ekwalla avec le message que Buchner aurait souhaité rencontrer Lock Priso dans le dit village pour une palabre de paix. Lock Priso qui apprend cette nouvelle avec stupéfaction, oblige son vieil oncle Green Joss de l’accompagner à cette réunion.
Buchner est accosté par Yellow Priso, le frère de Lock Priso qui avait toujours été neutre dans ce conflit et qui exige de les accompagner lors de ce voyage pour servir d’otage volontaire. Il flaire en effet quelque chose de louche dans cette attitude inhabituel de son frère qui aurait quémandé de la paix et protection auprès des Allemands. Buchner accepte cette assistance et Yellow Priso découvre très vite la super chérie de Meetom. Il fait tout pour sauver la paix et pour convaincre Lock Priso d’accepter d’assister à cette réunion malgré la tricherie de Meetom.
Priso se rend donc au lieu du rendez-vous où ils sont obligés d’attendre le retour de Buchner et son équipe. Profitant de sa présence sur le fleuve Abo, Buchner rencontre le chef Kotto très accueillant de Mangamba et Leoa, le très désagréable chef de Mandouka avec les quels il conclut des traités préliminaires, qui doivent être ratifies par Knorr ou Nachtigal.
Lors de leur réunion, Lock Priso réussit de façon subtile à faire comprendre à Buchner qu’ils sont tous deux tombé dans le même piège de Meetom mais promet qu’il accepterait de venir à Douala par ses propres moyens dans les prochains jours. Il insiste sur la nécessité de faire aussi la paix avec les Joss. Buchner pense que les conditions ne seraient pas les mêmes vu la mort de Pantänius et les multiples gaffes qu’Elami continue à commettre.
Schmidt se moque de Buchner qui aurait fait un voyage inutile et il est surpris de voir les 2 chefs de Hickory town arriver pour la palabre de paix, qui se termine à la satisfaction de tout le monde : Lock Priso n’est pas mis sous les ordres de King Bell mais directement sous le gouvernement du Reich.
De son coté, Elami Joss continu à affronter les Bell dans les criques et inquiète la jeune colonie. Finalement il remonte le fleuve et rejoint le chef Muelle, ennemi de King Bell. Là bas il apprend que Leoa a besoin de l’aide de Muelle, parce que Manga Bell est venu avec une troupe d’Allemands pour faire la contrebande d’huile.
En effet, après la fuite de Manga Akwa, Knorr et Buchner ont décidé à faire un voyage jusqu’à Mandouka pour la ratification des traités préliminaires en compagnie de Manga Bell et de Meetom.
Muelle propose de créer un barrage à travers l’Abo pour empêcher Manga Bell de rentrer en ville et d’imposer à leur fournir leur butin de sa contrebande. Elami trouve ridicule d’employer de si gros moyens pour de si petites affaires. Mais quand il apprend que Knorr et Buchner sont du voyage il est le premier à se jeter dans le travail malgré son état de santé. En une journée, le fleuve est traversé par un barrage de gros troncs d’arbres qui empêchent le passage de tout bateau.
Knorr accepte l’invitation de Kotto, le chef de Mangamba après l’accueil très hostile de Leoa. Il n’est pas informé du trafic de Manga Bell. Il est informé le lendemain matin du barrage qui empêche leur retour en ville, et envoi Meetom pour négocier avec les auteurs de cette œuvre. A la grande surprise de Meetom, il trouve Elami dans ce groupe mais il ne veut même pas entendre les exigences : Selon lui, il se condamnerait complètement. Meetom trouve utile de ne tenir compte que de la réclamation de Leoa. Elami, furieux, retourne à Hickory town et exhorte Lock Priso et Green Joss qui s’y sont réinstallés provisoirement de retourner au maquis. Lock Priso et Green Joss se disputent à ce sujet et Green Joss finit par abandonner Lock Priso pour retourner à Mboundjou.
Quand Knorr est finalement libéré et retourne en ville, on l’informe qui Green Joss serait retourné au maquis. Il prend la décision de prendre en otage Lock Priso qu’il installe sur la Olga. Buchner obtient qu’il soit traité avec tous les égards.
Pendant cette période Yellow Priso informe les membres de la famille Joss que la femme d’Elami est réfugiée dans son village sur le Mungo crique. Elami décide en conséquence de traverser le Wouri la nuit suivante. Avisé par un espion, King Bell avertit Knorr de ce projet d’Elami. Toutes les mesures sont prises pour capturer Elami, qui réussit toutefois de passer le fleuve sous le nez des soldats.
Elami retrouve sa femme et son bébé chez Yellow Priso. Cette dernière lui ôte toute illusion concernant une aide de la part des anglais qui seraient des traîtres. Elami continue son chemin à Mbundju pour rencontrer ses frères de Hickory town.
Une grande réunion a lieu la bas à la quelle Muelle et Leoa prennent aussi part. Elami change subitement la tactique : Il s’est senti exploité par ces deux chefs et trahi par les Anglais. D’autre part, Lock Priso est l’otage des Allemands. Il demande à Yellow Priso de sonder l’opinion des Allemands sur la possibilité et les conditions d’un traité de paix.
Finalement, après l’établissement d’un sauf conduit aux Joss et la libération de Lock Priso, cette palabre a lieu sur la Olga. Les problèmes sont bien plus difficiles que ceux avec Lock Priso : Les Joss avaient signé un traité avec les Allemands, il y a la mort de Pantänius, et il y a beaucoup de gaffes commises par Elami Joss lui-même. L’assassin de Pantanius s’est finalement dénoncé lui-même et est fusillé, et Buchner insiste qu’on inclut dans le traité de paix une clause sur la cession de terrain à Joss town au gouvernement pour ses installations futures. Ces exigences ont entraîné beaucoup de débats entre les Allemands eux-mêmes.
Après la signature de ce traité de paix, Knorr cède de nouveau le pouvoir aux civils : A Nachtigal qui est très affaibli par la maladie et qui cède le pouvoir à Buchner. Il s’embarque dans la Möwe pour son retour définitif. Il n’atteint pas sa destination et meurt lors du voyage.
Peu de temps après c’est le tour de Buchner d’être évacué pour des raisons de santé. L’intérim du gouvernement retombe dans les mains des militaires jusqu’à l’arrivé de la nouvelle équipe : Soden, Krabbes et Puttkamer. Les Douala vont vite sentir qu’ils ont vendu leur autonomie et leur liberté à un prix insignifiant : King Bell est la première cible de von Soden et bien tôt c’est toute la classe de commerçants d’huile de palme de Douala qui apprendra à leur regret les méthodes brutales du gouvernement colonial : Un embargo est imposé sur toute vente d’huile de palme dans le but de dévaluer le prix de l’huile de la moitié. Les Douala se rendrent pour la première fois compte qu’ils ont intérêt à mettre leurs vieilles rancunes dans un tiroir et de collaborer entre eux : Ils décident d’une grève générale qui n’obtient toutefois pas le résultat escompté, mais qui évite au moins le pire : les très importants anciennes dettes ne seront pas remboursées avec le nouveau prix qui est divisé par deux. Désormais, les frères ennemis Douala ont tiré la leçon de leurs erreurs et font des efforts de lutter la main dans la main contre le fléau qu’ils ont eux-mêmes appelé dans leur pays à cause de leur avidité et désunion.

Un film de fiction MAN BLUM - L'ETRE BLEU

Un couple voyage en Afrique, la femme est enceinte. Le jour de l’accouchement ils sont chez les yezoums, un peuple de la forêt. L’enfant a beaucoup de mal à sortir. Une vieille suggère qu’on amène la femme au pied d’un arbre ayant appartenu à un homme très puissant de la tribu. Un dénommé Kah. On amène la femme et elle accouche très vite;c’est une fille. Toutes les vieilles s’exclament: "l’esprit Kah est toujours actif parmi nous". On décide d’appeller la fille "Kah". Les yezoum voient en la petite fille la réincarnation de l’homme qui fut le bras droit des rois: "l’homme aux milles secrets".

Kah grandit avec ses parents sans quitter l’Afrique. Un jour, le bébé disparaît toute la journée. Sa mère la retrouve dans la brousse couchée comme si on venait de l’amener.

Kah a une prémonition ; elle raconte à sa mère qu’elle va les perdre mais qu’elle ne sera pas seule. Sa mère lui demande de se taire. Un jour, alors que le couple se promène dans la brousse ils sont attaqués par des bêtes féroces sous le regard complice de Kah. Manblum, la sage de la tribu voit s’élever dans le ciel deux boules bleues et comprend que deux personnes viennent de mourir. Kah déambule seule dans la brousse à chaque fois de commander aux animaux et les animaux lui obéissent ; évitant ainsi le drame. Manblum découvre les traces de Kah et lui fait parvenir des messages à distance qu’elle essaie de décrypter. Puis elle répond avec des symboles que lui aussi décrypte. Il n’en revient pas, ils se parlent tous les deux dans un langage que eux seuls peuvent comprendre. C’est l’euphorie des deux côtés sans toutefois se voir. Une amitié est née. Au même moment, un hélicopter tourne dans le ciel. Manblum panique et cherche Kah. Il la retrouve assise au bord de l’eau. Á l’aide de sa sarbecanne, il lui lance une fumée bleue qui l’enveloppe et l’emporte dans le ciel. La bulle bleue atterrit en pleine nuit dans le village où tous habillés et près pour le rituel. Kah est accueillie par la danse et les cris quand la bulle éclate au sol. Commence la cérémonie. Kah le fait raconter l’histoire de la tribu depuis la création du monde jusqu’au jour de sa naissance. On l’enveloppe de plus de fumée ; elle pourra quitter physiquement le village mais ne pourra plus jamais le quitter en pensée car les yezoum ne pensent pas que nous vivont sur la terre mais plutôt dans nos histoires. Kah est la seule enfant née dans ce village depuis des décennies. Elle est sans aucun doute celle à qui le faiseur de mots doit initier à l’art de créer le monde avec des mots ; une vieille tradition yezoum permettant de changer de monde quand le monde a perdu son sens. Le lendemain, l’hélicopter débarque avec des soldats pour récupérer Kah de force et la ramener en occident. Les yezoum essaient en vain d’empêcher qu’elle ne parte mais ne peuvent s’opposer aux soldats. Une vieille finit par lâcher : "ne vous en faites pas, elle reviendra très bientôt. Elle appartient à ce monde, pas à leur".
En occident , Kah est d’abord accueillie dans un hôpital où on lui fait toutes sortes d’examens et de tests. Kah refuse de parler. Le médecin conclu qu’il s’agit d’un syndrome post traumatique et lui prescrit un nouveau style de traitement "virtual reality". Kah est inscrite à l’école et placée dans un orphelinat et les autres la sollicite pour entendre son histoire ce qui la rend très vite célèbre. Mais Kah ne raconte rien, elle ne parle à personne et ne s’intègre pas dans le nouveau monde qu’elle ne comprend pas et n’aime guère (elle a pour unique compagnon son cameléon qu’elle a ramené d’Afrique qu’elle porte tout le temps sur la tête).

L’institutrice se penche sur son dossier et se positionne pour son cas. Les résultats du test sont clairs, Kah se prend pour une africaine et veut parler aux animaux. Elle se culpabilise de n’avoir pas pu sauver ses parents. Elle se sent complice de leur mort.

Le lendemain, l’institutrice fait faire un calcul aux élèves elle dit : "Il y a quinze enfants, un gorille en mange dix, combien d’enfants restent-ils ? "Kah choquée répond "quinze", tout le monde se retourne, elle a parlé pour la première fois. L’institutrice poursuit : "faux". Kah s’explique. L’institutrice court dans tous les sens elle a trouvé la clé de l’énigme. Elle fouille dans les pensées de Kah. Kah, met la culture et la nature sur le même plain. Il faudrait qu’elle puisse non seulement les différencier, mais surtout placer la culture au-dessus. Les médecins s’interrogent comment cela se fait-il ?

Kah ne connaît pas la peur. On décide d’injecter la peur dans le traitement qu'elle suit. La peur de la nature.

À chaque séance de traitement, Kah lutte ; on voit deux histoires s’affronter ; celle qu’on veut lui imposer contre celle qu’elle porte en elle. Le traitement reste sans succès au grand désarroi de l’équipe scientifique qui commence à songer à aller un peu plus loin.

C’est à ce moment qu’un jour, des enfants s’amusent à s’envoyer mutuellement un os trouvé part terre. Cet os lancé en l’air retombe sur la tête de Kah, tuant ainsi le caméléon qui tombe du troisième étage. Kah enjambe la grille du balcon et saute sur un poteau qui se penche. Kah s’immobilise pour rester en équilibre. Les pompiers viennent la faire descendre. Cette nuit là, Kah sort du dortoir en douce pour regarder le ciel. Elle voit un grand cerf volant africain dans le ciel. Elle se lance à sa poursuite dans toute la ville. Elle réussit à le ramasser et reconnaît les signes qu’elle s’échangeait avec Manblum dans la brousse. Elle s’endort sur le trottoir. Une vendeuse de journaux la découvre à l’aube enveloppée dans le cerf volant. La vendeuse appelle les pompiers; c'est le même pompier qui l'a fait descendre du poteau qui la réveille. Kah se lève et s’enfuit vers l’aéroport semant le pompier dans toute la ville jusqu'à atteindre l'aéoroport. Kah se met en bout de piste et attend un avion qui s’apprête à décoller. Quand l’avion s’arrête avant de mettre les pleins gaz pour décoller, Kah court très vite s’agripper sur le train de la roue de l’avion sous le regard du pompier impuissant qui se contente de lui faire un signe d’adieu, elle répond. L’ami s’en va.

Kah sans le savoir allait ainsi vers une Afrique différente de celle de ses rêves. Kah allait tomber dans un monde corrompu qui avait perdu ses valeurs passées et qui n’avait pas les moyens de s’occidentaliser. Le train avant de l’avion s'ouvre; surprenant Kah dans un sommeil. Elle entamme ainsi une descente dans un monde que personne ne comprend plus ; pas même Manblum. Un monde qui devait retrouver son sens grâce à l'aide de Mankal, une belle jeune femme qui pouvait tout se permettre. Kah en plein cœur d’une cérémonie de deuil ressemblant plutôt à une fête et échange tout. Kah tombe du ciel et atterit sur le cercueil qui s’ouvre, et le mort est éjecté et se met à marcher sur quelques pas avant de s’écrouler de nouveau plus loin. C’est la débandade. Chacun essaie de ramasser sa bouteille de bière et de s’enfuir. La police passe les menottes au mort et à Kah et les embarque au commissariat. Un couple africain vient supplier le chef de la police moyennant quelques billets de leur rendre leur enfant blanc. Le policier, pour laisser l’enfant demande de l’argent et le couple lui en donne, le policier propose lui-même d'établir l’acte de naissance à l’enfant moyennant encore plus d’argent, le couple paye encore. Le policier leur remet Kah, la femme qui n'est autre que Mankal paye l’homme qui n’était qu'un faux mari ; et il s’en va. Mankal reste seule avec Kah qu’elle ramène chez elle en plein quartier. Mankal lui fait croire qu'elle a toujours rêvé avoir un enfant et voilà que Dieu a exaucé ses prières. Kah ne pose pas de question et la suit partout. Ils prenent le taxi de brousse et se rendent au village à Milan où Kah est née. Mankal a été effectivement envoyée par les Yezoums pour accueillir Kah qu'ils ont fait revenir. Le temps était venu où la petite fille qui était la réincarnation de l'esprit de Kah devait partir chercher le langage qui allait sauver non seulement son peuple, mais toute l’humanité. La vie avait perdu de sens comme le pensent les yezoums, ce n’est pas la vie qu’il fallait changer, mais plutôt le miroir à travers lequel on regarde la vie. Et ce miroir c’est la langue. Une langue qui n’arrive plus à nous interpréter le monde. Il fallait donc retourner dans la nature, réapprendre à lire et créer une langue qui va porter le sens des choses. Tel était le rôle des "Faiseurs de Mots". Manblum en était un très célèbre car les "wordmakers" sont des "worldmakers" (les faiseurs des mots sont faiseurs de monde). Kah avait pour mission de refaire un monde heureux. On lui donna les dernières bénédictions. Mankal l’accompagne aux portes du désert, L'esprit de Manblum est avec elle. Kah entre dans le désert comme on entre chez soi. Elle y retrouve des amis animaux, elle y retrouve aussi l’espace et le temps. L’aventure de Kah allait être un déchiffrement du monde ; un parcours minutieux pour relever sur la surface de la terre les figures qui montrent que les histoires disent vrai.

Mankal lui dit les dernières recommandations ; Kah ne devait pas s’encomber de ce dont elle n’avait pas besoin, la nature allait le lui apporter au fur et à mesure. Kah devait observer et mémoriser.

La nature entière salua Kah même si Kah était apparemment seule elle restait en contact avec Manblum à qui elle avait le droit de poser 5 questions seulement grâce à une flûte qui envoyait des ondes par l’eau qu’il lisait.

Kah fut sur une longue distance pas un babouin qui n’arrêtait pas de la provoquer. Agacée, Kah fit un retour vers le babouin pour lui dire, ‘’tu n’as pas honte ?’’ ce qui surpris le plus Kah, c’est le sentiment que le singe capta intégralement le message. Elle essaya toute la journée de se rémémoriser du geste qu’elle a fait en refaisant un nombre infini de fois cette mimique. Kah sut qu’elle avait trouvé quand un caméléon qui l’observait déjà depuis quelques temps eut la même réaction que le singe. Kah pris ce dernier et l’emporta avec elle. Elle cherche un bout de bois et se fabrique un canivet pour sculpter sur un bout de bois le symbole de ce geste qu’elle venait de faire.

Après plusieurs heures passées à sculpter le bois, Kah lève la tête et voit l’arc en ciel. L’idée que la terre et le ciel étaient amoureux lui traversa l’esprit. Kah passa beaucoup de temps à contempler la beauté de la nature.

Un matin, Kah marchait dans la direction opposée au soleil levant. Elle eût une soudaine envie de se retourner. Quelle ne fut sa surprise de voir sa bouche se remplir de plusieurs lettre ‘’b’’, la taille de ce qu’elle avait c’était un éléphant. Voilà comme ‘’bbbb’’ désigne dans le langage de kah quelque chose d’énorme. l’éléphant passa Kah et poursuivit sa route. Kah s’assès pour sculpter ce signe quand un crapeau se mit à croisser sans arrêt, l’empêchant de se concentrer, Kah arrêta de sculpter et imita le crapeau ‘’croak croak’’ puis elle éclata de rirer. Hah abandonna ce qu’elle faisait et se mit à se moquer du crapeau. C’était un gros crapeau-buffle. En le voyant, Kah eût pitié de la pauvre bête, elle eût un remord. Pouvait-il être autre chose que ce qu’il était. Kah le ramasse et le prit dans ses bras.

Kah collecta ainsi de nombreux signes correspondant à son aventure parmi les animaux. Quand le voyage déboucha de nouveau sur les hommes, Kah dû ne plus se contenter des signes mais écrire une histoire entière et pas n’importe laquelle. La rencontre de Kah avec une femme qui dansait pour se moquer des gens fût une révélation (qui n’était autre que sa mère). Kah se mit à écrire pour se moquer. C’est dans la moquerie et l’humour que les deux femmes scellèrent une amitié. Kah excellait dans les métaphores où elle comparait les hommes aux animaux. Un jour, Kah et la jeune femme se disputèrent, l’une pensait que l’autre la dansait, et l’autre pensait que l’autre l’écrivait. Quand leurs chemins se séparèrent, Kah avait terminé son voyage initiatique et pouvait ramner au village la langue qui n’allait pas seulement permettre de raconter mais aussi de réinventer le nouveau monde. Kah faisait de la poésie, elle parlait une langue dans la langue. Elle faisait mieux qu’imiter le monde, réclamait un sens aux mots qui l’avait perdu. Elle considérait les mots comme les choses. Kah était devenue poète yezoum, la tribu était immortalisée, sa légende allait voyager dans l’espace et dans le temps. Kah avait à côté sa propre histoire depuis sa naissance. Elle était devenue un homme.


Une Série Télévisée historique sur la colonisation Allemande au Cameroun

Bien au-delà de l’intérêt de historique que revêt le sujet; l’histoire de la colonisation allemande au Cameroun n’ayant jamais été racontée, c’est du caractère actuel des thèmes de cette série dont il est question. Luttes fratricides, corruption, poursuite des intérêts égoïstes au détriment des intérêts collectifs, intervention de l’occident, rébellion etc.… Au départ de la naissance des états africains moderne se trouvent les germes de tous les maux dont ces Etats vont être victime par la suite. Comment raconter l’Histoire sans perdre la force des personnages et sans verser dans la caricature et le manichéisme ? J’ai été saisi par la vigueur et la vie que dégagent les personnages historique décrits dans ce scénario écrit par Mme Oyono qui sans en faire des héros parfaits montrent leurs faiblesses, leurs doutes mais n’en fait pas moins des héros voire des modèles. Hickory Town me permets de faire ce voyage dans un passé à la fois si proche et si lointain tellement on le l’ignore de part et d’autre mais qui pourtant a quelque chose du western dans le sens où les valeurs éthiques sont en danger permanent face à la force brute et la sauvagerie humaine.
Hickory Town me permet de revenir à l’essentiel en matière de cinéma car je n’oppose pas le cinéma et la télévision dans ce cas. Il s’agit d’ouvrir une fenêtre dans un quotidien de plus en plus désespérant en espérant que ce jeu de va-et-vient qu’opère la série télévisée par sa récurrence entre la réalité et l’Histoire sous forme de fiction va peut-être créer une étincelle qui fera naître une lueur d’espoir. On peut faire une liste interminable des crises dont souffre un pays comme le Cameroun et par extension plusieurs pays africains ; crise d’identité, crise économique, crise politique… Et s’il fallait retourner à la source pour y voir plus clair ? Peu importe la prétention de la démarche, c’est l’urgence et la nécessité du quotidien contre lequel je me sens impuissant mais où j’entreprends de faire ce que je sais faire : raconter des histoires. Au commencement, il y a toujours une histoire qui sert de garde fou, une histoire qui porte des valeurs, une histoire modèle que les gens portent en eux et qui permet d’écrire l’Histoire. Une histoire qui vous possède, que vous vivez et qui fait de vous qui vous êtes. C’est cet espoir que je mets dans la série télévisé Hickory Town.
L’embouchure du Wouri qu’on appelle ici Cameroons-river est habitée par des peuples dont la culture est bâtie entre l’eau et la forêt comme la mangrove qu’on y trouve. Il s’agit de faire découvrir cet univers qui offre visuellement d’énormes possibilités.
Je compte filmer Hickory Town comme un western sur des pirogues.